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Un blog de Bernard Lamailloux – ingénierie pédagogique et artistique

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Laissez tomber vos tours de table, préférez-leur la balle magique !

Arrêtez tout !Pour recueillir les attentes des participants dans diverses circonstances, par exemple au début d’une réunion ou encore d’une session de formation, un usage aussi vieux que les conseils d’administration veut qu’on ait recours à ce qu’on appelle le tour de table. Vous qui lisez ces lignes, il est fort probable que vous ayez une expérience de cet exercice de style plutôt convenu, conçu pour permettre à des personnes présentes dans une assemblée de se présenter, et/ou de donner leur avis sur un point quelconque. Voilà comment cela se passe le plus souvent :

L’animateur de la séance suggère que chaque personne présente s’exprime tour à tour, en suivant tout simplement l’ordre d’installation dans la salle ou autour de la table. On commence par régler la question du « On commence par où, la gauche ou la droite ? », et c’est parti comme en 14, chacun y va de son petit couplet. Quand il ou elle a terminé, la personne suivante enchaîne, et ainsi de suite jusqu’à la fin. C’est simple, carré, pratique… sauf que le plus souvent, cela ne sert pratiquement à rien. Pourquoi ? En voici une illustration, qui bien sûr n’engage que moi.

Pour ce qui me concerne en effet, à chaque fois que je suis « pris » dans un de ces fameux tours de table, je ne manque jamais d’admirer l’aisance verbale, et même corporelle, de nombre d’intervenants successifs, qui rivalisent de finesse, d’esprit, de sens de la rhétorique, d’esprit de synthèse, et parfois même d’humour ! Les trouvant tous plus beaux, intéressants, charismatiques et captivants les uns que les autres, j’ai donc tout naturellement à cœur d’être au moins aussi beau, intéressant, charismatique et captivant que les autres lorsque mon tour viendra, quoi de plus naturel en effet ?

Or, panique à bord, je ne suis pas du tout certain d’être à la hauteur, le moment venu. Heureusement, le moment en question n’est pas toujours pour tout de suite, selon le hasard des placements dans la salle. Du coup, constatant que – par chance – je dispose d’un peu de temps, j’en profite pour « préparer mes phrases », à l’image du playboy de boîte de nuit d’une vieille chanson de Cabrel[1]. Et voyez comme c’est bête, le fait même de préparer mes phrases me rend complètement incapable d’écouter en même temps ce que les autres sont en train de dire ! Si bien que, le plus souvent, si on me demandait de résumer ce qu’a dit chacun des autres participants, j’en serais tout bonnement incapable ! Avouez que c’est dommage…

Quelque-chose me dit même confusément que je ne dois pas être le seul dans ce cas-là. Du coup, je me garde bien de lancer moi-même quelque tour de table que ce soit. Lors de mes interventions en formation, par exemple, je le remplace toujours par…

…Une séquence de balle magique !

balle magique

Qu’est-ce que donc que cela ? C’est tout simple, et cela nous vient tout droit de la tradition du bâton de parole en usage dans de nombreuses tribus africaines. Il s’agit de prendre un objet symbolique (une petite balle en mousse c’est idéal, à défaut on peut froisser une feuille de papier en boule) qu’on appellera « balle magique ». Après avoir présenté la balle, je préviens l’auditoire que je vais bientôt lancer cette balle magique dans la salle, à destination d’un participant que je choisirai au hasard (j’avoue franchement que si une personne regarde le plafond, sa montre, ou encore consulte sa messagerie à ce moment précis, je me fais un malin plaisir d’influer un peu ledit hasard).

bâton de paroleLa personne qui se retrouve en possession de la balle magique prend alors la parole… et la garde le temps nécessaire. Nul ne peut l’interrompre (…à part l’animateur, exclusivement en cas de « dépassement du temps raisonnable » qui risquerait de pénaliser le reste du groupe. En pareil cas, il convient de se montrer déterminé, tout en y mettant les formes).

Lorsque la personne a fini de parler, elle jette la balle (de manière toute aussi « aléatoire » que moi il y a quelques instants) à la personne de son choix, qui récupère la parole en même temps que la balle… ainsi de suite, jusqu’à la fin. Vous verrez qu’en fin de parcours, la dernière personne à s’être exprimée a souvent le réflexe de « renvoyer la balle » à l’animateur[2], ce qui lui permet comme par hasard de « rebondir » sur ce qui vient d’être dit, selon l’expression consacrée… qui jamais ne s’est aussi bien appliquée (une balle magique a donc des rebondissements… magiques !).

Bien entendu, les participants à ce « tour de table d’un genre nouveau », sachant que leur tour va peut-être venir juste après (particulièrement pour les derniers d’entre eux !), ne veulent pas paraître « tomber des nuages » au moment où la balle leur tombera dessus… Du coup, par la force des choses, le plus souvent ce dispositif rend tout le monde beaucoup plus… attentif !

Que demande le peuple ?…

Bien à vous,

Bernard

***

Cet article sera repris dans ouvrage de conseils aux formateurs, à paraître au cours de l’été 2014 aux éditions DUNOD.

 


[1] « Samedi soir sur la terre ».

[2] …Dans le cas contraire, pensez tout de même à la récupérer !

Cuisiner les mots, accommoder les concepts, pensez-vous que ce soit… nourrissant ?

Super, mon concept !

Dans L’ANATOMIE DU SCÉNARIO, John Truby écrivait ceci :

Tout le monde sait raconter des histoires. Nous le faisons tous, tous les jours : « Tu ne devineras jamais ce qui s’est passé au travail… » Ou « Devine ce que je viens de faire !… » Ou encore « C’est l’histoire d’un type qui rentre dans un bar et qui… »

Au cours de nos vies, nous voyons, entendons, lisons et racontons des milliers d’histoires. Le problème est de raconter une BONNE histoire. Quand on souhaite devenir un spécialiste dans l’art de narrer des histoires, voire en faire son métier, on se heurte à d’immenses difficultés Il faut tout d’abord acquérir une compréhension profonde et précise d’un sujet aussi vaste que complexe. Puis il faut être capable d’appliquer cette compréhension à la fiction Pour la plupart des narrateurs, il s’agit là du plus grand des défis […]

Le premier de tous les obstacles  inhérents aux techniques narratives est la terminologie courante avec laquelle la plupart des auteurs pensent leurs histoires. Des termes tels que « progression dramatique »,  » gradation ascendante » et « dénouement », termes qui remontent à Aristote, sont si vastes et théoriques qu’ils en sont presque dénués de sens. Soyons honnêtes : ils n’ont aucune valeur pratique pour un auteur. Imaginons que vous êtes en train d’écrire une scène dans laquelle votre héros est suspendu par les pieds, à deux doigts de mourir en tombant S’agit-il d’une étape de la progression dramatique du dénouement ou de la scène d’ouverture de l’histoire ? Cela peut être l’une de ces choses ou toutes à la fois, mais quoi qu’il en soit, ces termes ne vous disent pas comment écrire la scène, et si vous devez ou non l’écrire. »

Voilà qui me rappelle toutes ces belles histoires de courants pédagogiques : behaviorisme, constructivisme (socio ou pas), connectivisme et compagnie…  J’en connais certains qui en mangent à tous les repas, s’en font des tartines, s’en gargarisent jusqu’à plus soif… Comme si le fait se faire des nœuds au cerveau pouvait servir à être mieux compris des autres, alors que cela aboutit le plus souvent au résultat diamétralement opposé !

Sûr que ce Monsieur Truby pourrait conseiller à certains d’entre nous : « …Quoi qu’il en soit, ces termes ne vous disent pas comment écrire votre scénario pédagogique, ni même si vous devez ou non l’écrire. »

Tout le monde sait raconter des histoires, nous rappelle le monsieur… à condition toutefois de rester connecté à son âme d’enfant…

Qu’est-ce que vous attendez ?

filet

John Truby est scénariste, réalisateur et enseignant. Il a travaillé en tant que consultant sur ​​plus de 1000 scénarios de films, et est également connu pour être le père du logiciel de scénarisation Blockbuster(à l’origine « Storyline Pro»).

« L’anatomie du scénario »  a été publié en Octobre 2007 par Faber and Faber pour l’édition originale, et en janvier 2010 aux éditions Nouveau Monde pour la traduction française.

Si vous ne pouvez pas expliquer une chose simplement…

J’ai récemment présenté à un ami le questionnement suivant :

On rencontre parfois des gens qui sont franchement du type « Pourquoi faire (…et expliquer) simple quand on peut faire compliqué ? »…et qui semblent prendre un malin plaisir à tout embrouiller, comme si la vie ne s’en chargeait pas suffisamment comme ça.

…Au fond, que signifie réellement cette attitude ?

Mon ami m’a alors répondu par une citation attribuée à un légendaire spécialiste es complication :

Si vous ne pouvez pas expliquer une chose simplement... cela veut dire que vius ne la comprenez pas assez

La différence entre l’école et la vie…

La différence entre l'école et la vie...

Arrêter de jouer, commencer à vieillir…

arrêter de jouer et vieillir

Qu’est ce qui est le plus efficace : un jeu de formation ou une vidéo d’instruction ?

Retranscription d’un article de Thiagi, le génial inventeur des jeux-cadres.

Lien vers la version originale 
Traduction de Bruno Hourst (« Etes-vous pomme ou orange ? »)

fruit imaginaire pomme ou orange

 

Une question récurrente

Qu’est ce qui est le plus efficace : un jeu de formation ou une vidéo d’instruction ? Beaucoup de gens m’écrivent pour me demander de donner des preuves (issues de la recherche scientifique) que les jeux de formation sont meilleurs que tout autre type de stratégie de formation. Cette question ressemble beaucoup à une autre question : Qu’est-ce qui est le meilleur, les pommes ou les oranges ? À l’évidence, la réponse dépend d’un certain nombre de facteurs.

  • De quelle variété de fruit parlons-nous ? J’aime les pommes Golden Delicious, mais je déteste la variété Granny Smith. J’aime les oranges maltaises, mais pas la variété à peau épaisse.
  • Quel est le but que nous recherchons ? Les oranges sont très appréciées en jus au petit déjeuner, mais beaucoup moins pour faire des tartes.
  • De qui sommes-nous en train de parler ? Certaines personnes préfèrent les oranges, et d’autres préfèrent les pommes. Et certaines autres personnes n’aiment ni l’un ni l’autre de ces fruits. Et d’autres encore sont allergiques à l’un ou à l’autre. La comparaison entre les jeux de formation et l’utilisation de vidéos (ou de conférences, ou de manuels, ou d’ateliers de thérapie comportementales ou de toute autre stratégie de formation) est tout aussi sensée que de comparer des pommes et des oranges.

De quel type de jeu parlons-nous ? 

Quand nous parlons de jeux de formation, qu’est-ce que cela signifie exactement ? À ce jour, j’ai travaillé sur plus de 60 stratégies interactives expérimentales, qui peuvent toutes s’inscrire dans la définition habituelle du jeu de la formation. À l’évidence, il y a une énorme différence entre un jeu de simulation qui reflète d’aussi près que possible des méthodes de travail réelles, et un ice-breaker de début de formation. De même, de quoi parlons-nous lorsque nous utilisons le terme de vidéo ? S’agit-il de la vidéo d’une conférence donnée par un expert, ou un documentaire primé sur les comportements créatifs, ou encore d’un extrait d’un long métrage utilisé pour illustrer un contenu pédagogique ? Que diriez-vous d’une vidéo qui présente différentes situations clé de la relation client, où l’on fait une pause après chaque situation, où des équipes analysent la situation et formulent des recommandations, puis marquent des points selon la similitude entre leurs recommandations et celles d’un panel d’experts ? Est-ce que nous classerons cette technique hybride en jeu de formation ou en vidéo d’instruction ?

Une méta-analyse des différentes techniques de formation

Il y a quelques années, mon ami Richard Clark, de l’Université de Californie du Sud, a fait une méta-analyse des recherches menées sur la comparaison entre différents supports de formation, tels que le film éducatif et l’enseignement en classe. Sans surprise, Clark est arrivé à la conclusion que les moyens utilisés ne font aucune différence. Ce qui fait la différence, ce sont les caractéristiques spécifiques du moyen utilisé. Par exemple, nous pouvons utiliser une approche de type « apprentissage par la découverte » avec un film éducatif ou par une leçon en classe. Le facteur essentiel n’est pas le moyen utilisé, mais une caractéristique spécifique du moyen utilisé. Si l’on extrapole les résultats de Clark à notre question initiale, nous en conclurons que ce n’est pas les jeux de formation qui sont importants par eux-mêmes, mais des caractéristiques des jeux (tels que la participation active, le fait de marquer des points, l’interaction entre les membres de l’équipe ou la compétition entre les équipes). Ce ne sont pas les vidéos en tant que telles qui feront la différence, mais des caractéristiques essentielles des vidéos (telles que le réalisme, le mouvement, ou la mise en œuvre des capacités audiovisuelles).

Quel but recherchons-nous ?

Qu’un jeu soit plus efficace qu’une vidéo dépend également du but pour lequel ce moyen est utilisé. Un jeu de simulation est efficace lorsqu’il est utilisé pour aider les participants à acquérir certaines compétences. Toutefois, il serait inefficace pour aider les participants à se connaître les uns les autres au début d’une session de formation. Un ice-breaker répondra à un vrai besoin pour faire entrer les participants dans le sujet de la formation, mais sera perçu comme complètement stupide s’il est utilisé au milieu d’une formation pour faire une analyse coûts-efficacité. Lorsque l’on compare un jeu de formation à une vidéo, ou un jeu de formation à un autre jeu de formation, ou une vidéo à une autre vidéo, il est important de préciser la raison pour laquelle telle ou telle technique de formation est utilisée.

De quels participants parlons-nous ?

Différentes personnes réagissent différemment au même jeu de formation. Par exemple, un jeu qui motive un groupe de jeunes cadres dynamiques français pourra être perçu comme gonflant et hors de propos par les employés d’une administration américaine, et carrément agressif pour un groupe de techniciens japonais. De même, une vidéo qui enthousiasme un groupe de jeunes adultes pourra plonger dans une grande perplexité un groupe de personnes âgées. L’inverse pourra également être vrai : une vidéo qui plaira aux babyboomers pourra définitivement tuer d’ennui des membres de la génération Nintendo.

Proposons une réponse

Comparer les jeux de formation avec d’autres techniques de formation n’a donc pas grand sens, à moins de préciser exactement :

  • Les caractéristiques particulières, du jeu de formation envisagé et de l’autre technique
  • Le but pour lequel on souhaite utiliser le jeu de formation ou telle autre technique de formation
  • Qui seront les participants du jeu de formation ou de telle autre technique de formation.

Nous pouvons donc reformuler ainsi notre question initiale, à travers un exemple : laquelle de ces deux techniques est plus efficace pour aider un groupe d’employés d’hôtel expérimentés à acquérir des compétences dans leur service à la clientèle : un jeu de simulation authentique, qui intègre des incidents représentatifs et comprend un long débriefing structuré par un animateur expert, ou une vidéo présentant différents cas, des graphiques et les explications, suivie d’une discussion en groupe ? Ainsi posée, la réponse à la question est évidente : les deux techniques pourront être tout aussi efficaces l’une et l’autre.

Sivasailam Thiagarajan (alias Thiagi) est indien, il vit au Etats-Unis. Maître incontesté des jeux pour l’entreprise et l’enseignement, il a particulièrement développé le concept de jeu-cadre et continue de concevoir de nombreux jeux dans tous les champs de la formation et de l’enseignement.

Mon amie Martin[e]…

C’est très simple : Depuis quelques jours j’ai une nouvelle amie. Elle s’appelle Martin[e], et j’ai eu l’idée d’écrire une chanson pour elle…

 

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